29.06.2021
Une nouvelle loi visant à mettre fin à la complicité de l’Europe dans la déforestation mondiale est en préparation. Le temps presse. Nous avons besoin d’une loi forte qui interdise effectivement que les produits ayant causé la destruction des forêts et d’autres écosystèmes ne puissent arriver sur le marché Européen. La forêt tropicale ne peut plus attendre, écrit Marie Toussaint, eurodéputée Verts/ALE.
Alors que la forêt amazonienne a été dévastée par des incendies l’année dernière, peu d’entre nous réalisent que l’Europe est malheureusement aussi complice de cette destruction, via la consommation de nombreuses denrées produites au détriment de la forêt tropicale.
Les experts appellent cela la « déforestation importée », un terme qui fait référence aux précieuses forêts naturelles situées en dehors de l’UE qui sont détruites pour fabriquer les produits que nous consommons chaque jour.
Les rayons de nos supermarchés sont un véritable étalage de destruction. On nous annonce du lait provenant de vaches élevées au soja, cultivé sur des terres autrefois couvertes d’une jungle spectaculaire, mais aujourd’hui plantées en rangs bien alignés de soja génétiquement modifié, arrosé de désherbants chimiques. Au rayon suivant, on nous propose du bœuf produit dans des ranchs géants sur des terres déboisées. Il en va de même pour les produits du bois, le cacao ou encore le café. Et n’oublions pas les shampooings, le dentifrice et le beurre de cacahuète contenant de l’huile de palme, connue pour être l’un des principaux facteurs de déforestation et de destruction de l’habitat de certaines de nos espèces les plus menacées. La liste est infinie, et même le consommateur le plus attentif aurait du mal à éviter les produits problématiques.
Le problème est si vaste qu’en fait, l’UE est le deuxième plus grand « importateur de déforestation » lié au commerce mondial après la Chine.
Entre 1990 et 2008, l’Europe a été responsable de la perte d’une zone de l’Amazonie de la taille du Portugal, en raison de sa consommation de produits agricoles cultivés sur des terres déboisées. De nouvelles recherches montrent que chaque habitant des pays riches est responsable de la perte de quatre arbres dans un autre endroit du monde chaque année !
Mais il y a une bonne nouvelle : une nouvelle loi européenne visant à mettre fin à la déforestation importée est en cours d’élaboration.
Après de longues discussions, l’Union européenne prépare enfin une loi pour que les produits vendus ici ne puissent plus être liés à la destruction des forêts et d’autres écosystèmes ailleurs. En vertu de cette nouvelle loi, les entreprises devront s’assurer que tout ce qu’elles vendent en Europe ne provient pas de terres où les forêts, les savanes, les zones humides ou les prairies ont été dégradées ou entièrement rasées pour faire place à la production agricole.
Cela pourrait changer la donne !
Les producteurs, les commerçants et les détaillants devront garantir que nos supermarchés sont exempts de produits qui entraînent la destruction de nos précieuses ressources naturelles. L’industrie financière devra veiller à ce que les entreprises impliquées dans la destruction des forêts tropicales et d’autres écosystèmes précieux ne reçoivent pas leur soutien.
Il est important de responsabiliser les producteurs, et de ne pas faire reposer la déforestation importée sur les consommateurs.
Mauvaise nouvelle : de puissantes industries veulent faire dérailler cette loi.
Mais nous devons veiller au grain : de puissantes industries sont à l’œuvre pour retarder et affaiblir la législation.
Les entreprises ont exercé de fortes pressions pour affaiblir la nouvelle loi afin de ne pas avoir à modifier leurs pratiques commerciales. Une association de l’industrie alimentaire, qui compte parmi ses membres des géants de l’alimentation tels que Kellogg’s, Nestlé et Mars, a demandé à la Commission européenne de s’abstenir d’imposer des sanctions sévères. Il en va de même pour l’association de détaillants alimentaires qui représente des supermarchés comme Delhaize, Marks & Spencer et Carrefour. Bien que certaines de ces entreprises disent soutenir la nouvelle loi, elles ne veulent pas d’une loi efficace qui les tienne réellement responsables.
D’autres entreprises impliquées dans la destruction des forêts du monde veulent être totalement exemptées de la nouvelle législation. L’industrie européenne du bois, par exemple, affirme qu’il n’y a pas besoin de « législation européenne supplémentaire » pour le bois. Quant aux producteurs brésiliens de soja, ils affirment que leur produit « devrait être exclu des futures réglementations« .
Ces entreprises qui détruisent les forêts ne pensent pas que la nouvelle législation européenne devrait s’appliquer à elles.
Que pouvons-nous faire pour empêcher les entreprises de vendre dans l’UE des produits qui détruisent la nature ?
Malheureusement, en tant que membres du Parlement européen, nous ne pouvons pas améliorer la proposition de loi tant qu’elle n’est pas sur notre table. Et, pour l’instant, la Commission tarde à nous proposer le texte de loi !
C’est là que vous intervenez. Nous avons besoin de votre aide pour influencer cette loi pendant que la Commission européenne y travaille encore. Veuillez envoyer un courriel au vice-président de la Commission, Frans Timmermans, pour lui demander de proposer une loi forte qui interdise effectivement du marché européen les produits liés à la destruction des forêts et des autres écosystèmes.
Nous avons besoin de cette loi pour nous assurer que nos achats ne financent pas la destruction de précieux écosystèmes. Ce sont les entreprises qui profitent de la destruction des écosystèmes qui doivent changer, et non les consommateurs individuels. Lorsque nous arrivons à la caisse du supermarché, nous devons être certains que nos achats n’ont pas détruits la planète.
Nous avons déjà écrit l’e-mail pour vous, il ne vous reste plus qu’à appuyer sur le bouton d’envoi.
Merci de votre soutien !
Pour plus d’information:
Franziska Achterberg – Chargée de campagne biodiversité
franziska.achterberg@ep.europa.eu