La crise actuelle met en lumière de manière implacable la manière dont la satisfaction de nos besoins les plus élémentaires repose désormais sur des systèmes fragiles et épuisables. Cette crise trouve son origine notamment dans la déforestation et le trafic d’animaux protégés, et a été aggravée par un environnement de mauvaise qualité (notamment la pollution de l’air). Nous devons mettre en œuvre les changements qui nous permettront d’atténuer et de traverser la prochaine crise, dans les limites et en préservant nos écosystèmes.
La crise actuelle nous rappelle l’interdépendance entre la santé humaine, le bien-être de nos sociétés et les systèmes naturels dont elles dépendent. Pour que les européen·ne·s vivent bien dans les limites de la planète, nos modes de production et de consommation doivent changer radicalement. La réduction de notre impact sur la faune et la biodiversité, bien que nécessaire pour éviter l’émergence d’une nouvelle zoonose comme le Covid-19 ne suffira pas. Nous devons nous assurer que tous les secteurs de l’économie s’engagent pleinement dans l’instauration d’une économie neutre sur le plan climatique, durable et environnementale, zéro pollution et totalement circulaire d’ici 2040. C’est la seule voie face à la menace existentielle que représentent les changements climatiques et la perte massive de la biodiversité. Le Pacte vert européen reste plus que jamais le socle de notre futur modèle de développement. Il faudrait même le renforcer pour qu’aucun investissement ne nuise à la lutte contre le changement climatique ni à la préservation de l’environnement, et même pour qu’il contribue à la sortie de crise :
Cette crise nous rappelle que l’accès à certains besoins fondamentaux des citoyen·ne·s de l’UE, et en particulier l’alimentation et la santé, est beaucoup plus fragile que nous ne le pensions. L’approvisionnement en nourriture dans l’UE a été assuré mais à des prix très instables. Le manque de travailleuses et travailleurs agricoles aura un impact considérable sur la production de fruits et légumes, et la perturbation du commerce des intrants (engrais, pesticides, semences et aliments pour animaux) affecte profondément la production et pourrait même conduire à l’effondrement de certains secteurs. Pendant cette crise, les difficultés rencontrées dans le transport d’animaux vivants (au sein de l’Union européenne et à destination/en provenance de pays tiers) ont attiré davantage l’attention sur la nécessité de réduire et de relocaliser cette production, compte tenu des implications pour le bien-être des animaux et la sécurité alimentaire. La souveraineté alimentaire européenne est loin d’être atteinte. Pour résoudre cette situation, l’UE doit soutenir et investir dans la diversification et la relocalisation des productions.
Au lieu de remettre en état un système qui a montré sa faiblesse, l’UE devrait se saisir de cette occasion pour revitaliser l’économie post-COVID-19 par le biais d’objectifs juridiquement contraignants et d’investissements ciblés permettant à notre société d’être mieux préparée à de futures crises : de nouvelles pandémies, la crise climatique déjà en cours ou les conséquences de l’effondrement des ‘écosystèmes. Les secteurs prioritaires devront être ceux qui combinent un fort potentiel de création d’emplois locaux et de qualité et de revitalisation de nos territoires tout en réduisant à la fois la facture pour les ménages et notre empreinte écologique collective:
La réponse immédiate à la crise a montré que, trop souvent, les conservateurs considèrent encore « l’environnement » comme une question externe supplémentaire, qui peut être ignorée et mise de côté lorsque des choses « sérieuses » se produisent, ignorant ainsi totalement les problèmes systémiques qui ont contribué à la crise actuelle. Au contraire, il est temps d’utiliser le Pacte vert pour l’Europe et ses stratégies connexes comme base pour la transition à venir. Ces stratégies, accompagnées d’objectifs précis et d’une révision de la réglementation, sont nécessaires maintenant, et pas lorsque la crise sera terminée et que la plupart des États membres et des acteurs auront déjà commencé à élaborer leurs propres plans de transition. L’actuel faible prix du pétrole devra, notamment, être l’occasion de mettre fin à toute subvention pour les combustibles fossiles, y compris le gaz, que ce soit directement (par le biais des aides d’État) ou indirectement (via des exonérations fiscales). Toute attaque contre les normes ou les objectifs environnementaux de l’UE, actuels ou à venir, devra être sérieusement condamnée. Des règles strictes doivent être édictées pour régir les interactions entre l’industrie des combustibles fossiles et les décideuses et décideurs, comme cela est déjà le cas pour l’industrie du tabac. Les institutions de l’UE et les États membres ne devraient interagir avec l’industrie des combustibles fossiles que pour réglementer efficacement son activité.