Le premier quart du XXIe siècle a été marqué par une augmentation sans précédent du nombre d’incendies de forêt, d’inondations et de phénomènes météorologiques extrêmes. Le constat que notre modèle de développement actuel a atteint ses limites et constitue désormais une menace directe pour notre civilisation et notre planète est clair. Les rapports scientifiques se précisent et sont de plus en plus alarmants.
Le virtuel impacte le monde physique
Une augmentation constante et incontrôlée de nos émissions de gaz à effet de serre fera advenir dans notre réalité un changement climatique cataclysmique et irréversible.
La biodiversité subit une attaque sans précédent avec la sixième extinction de masse en cours. À l’ère de l’Anthropocène, les preuves que notre modèle industriel « extractiviste » et notre société de « consummation » perturbent les cycles naturels de la Terre sont indiscutables. Nous devons agir.
Cette étude met en évidence l’impact retentissant du numérique et du secteur informatique sur notre environnement. Elle déconstruit l’idée que le monde numérique est léger et dématérialisé – « virtuel », « dans les nuages » – et qu’il n’a aucun impact sur le monde physique.
La pandémie du COVID-19 a mis en évidence la forte dépendance de l’Union européenne à l’égard de ressources critiques pour la production de nos appareils numériques. Il ne s’agit pas seulement d’une menace environnementale, mais d’une menace pour la souveraineté numérique de l’Union Européenne.
Comment pouvons-nous assurer notre résilience numérique pour les temps à venir ?
Pour faire face aux enjeux, il est fondamental d’adopter une approche systémique. La révolution industrielle qui a vu la capacité mécanique et énergétique de l’humanité décupler a aussi entraîné un sacrifice environnemental dont nous avons mis plusieurs siècles à prendre la mesure. La révolution numérique est en train d’entrainer des mutations tout aussi fondamentales, qu’elles soient écologiques, sociales, économiques, démocratiques ou géopolitiques. Nous devons nous assurer que la révolution industrielle numérique ne devienne pas un nouveau cheval de Troie.
Les données seront essentielles pour que les transitions numérique et climatique ne s’entravent pas mutuellement. Connaître le coût environnemental exact d’une technologie est une condition préalable à l’innovation numérique verte. Afin de prendre des décisions politiques fortes pour l’avenir, il est urgent d’évaluer l’impact écologique des technologies numériques et leur contribution au Pacte Vert européen. Cela doit être soutenu par des actions dans la législation européenne : nous avons besoin de normes environnementales pour les technologies, les réseaux et les infrastructures numériques pour l’ensemble de leur cycle de vie et conditionner nos décisions stratégiques numériques à leurs coûts/bénéfices en termes d’impact environnemental.
Un besoin d’innovation numérique durable
La Commission européenne, sous la présidence d’Ursula Von der Leyen, a affiché son ambition d’adapter l’économie européenne à l’urgence de notre temps avec ses politiques phares, le Pacte Vert européen et l’Europe adaptée à l’ère numérique. La conciliation de la double transition écologique et numérique sera un pilier essentiel de la future législation européenne.
L’évaluation précise de l’impact de notre technologie numérique encouragera l’innovation numérique durable. C’est le meilleur moyen de s’assurer que les progrès du numérique restent en phase avec le Pacte Vert européen.
Une approche européenne est essentielle pour parvenir à une économie numérique verte et durable. Nous espérons que cette étude contribuera à jeter les bases factuelles des décisions politiques urgentes que nous devons prendre pour relever les défis de notre époque.
Méthodologie
L’étude comprend deux parties complémentaires :
(1) Une évaluation du cycle de vie des technologies numériques en Europe
La première partie évalue quantitativement les impacts des technologies numériques sur l’environnement : elle réalise l’inventaire du stock d’équipements numériques en usage dans l’UE-28 en 2019 et évalue leur impact sur l’ensemble de leur cycle de vie : la fabrication, la distribution, l’utilisation et la fin de vie. Pour s’assurer que tous les impacts environnementaux sont pris en compte, la méthodologie suit une approche multicritère qui tient compte de plusieurs indicateurs environnementaux au-delà du changement climatique.
Les évaluations multicritères sont essentielles pour fournir une vue d’ensemble systémique des impacts environnementaux et éviter les transferts d’impact.
Cette évaluation du cycle de vie est inédite en qu’elle est la première à créer un inventaire harmonisé dans toute l’UE.
(2) Des études de cas approfondies “Au-delà des chiffres”.
Afin d’assurer une compréhension globale des impacts environnementaux du numérique et apporter des réponses à ces problématiques, nous avons rédigé 8 études de cas.
Cette partie adopte une approche qualitative pour les nouvelles technologies comme les objets connectés, l’intelligence artificielle, le Cloud, la 5G, les véhicules autonomes, les effets rebonds, les matières premières, les déchets électroniques et l’économie circulaire. Chaque étude de cas explique en quoi la technologie abordée est une aide ou un obstacle pour l’environnement, en mettant en avant certains résultats clés, l’avis d’un expert et, lorsque cela est possible, quelques exemples de solutions.
C’est la première fois que des données aussi complètes et harmonisées sont collectées et rassemblées dans un seul document, selon une norme et une méthodologie communes. Cette étude a été examinée par des experts selon la méthodologie ISO 14071 et est conforme aux meilleures normes internationales concernant la méthodologie du cycle de vie (ISO 14040-44).
Plus d’informations sur la campagne des Verts/ALE :
A plusieurs reprises, le Groupe des Verts/ALE au Parlement européen a attiré l’attention de la Commission sur l’importance de la transition numérique pour promouvoir la transition verte. En 2020, le Parlement européen a voté en faveur du rapport “Vers un marché unique durable pour les entreprises et les consommateurs” du député européen Verts/ALE David Cormand. Ce rapport propose des mesures pour lutter contre l’obsolescence prématurée, réduire le gaspillage numérique et assurer une plus grande transparence et protection des consommateurs.
Plusieurs lettres ont été partagées avec la Commission : une lettre datée d’avril 2021 demandant à la Commission européenne d’introduire une proposition législative claire pour des centres de données circulaires durables dans l’UE, et une autre lettre datée d’octobre 2021 demandant à la Commission européenne d’adopter une approche écologique de la connectivité.
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