Du 7 au 19 décembre, les gouvernements du monde entier se réunissent à Montréal, au Canada, pour la 15e Conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique – également connue sous le nom de COP15. Nos député·e·s européen·e·s, Ville Niinistö (Finlande), Jutta Paulus (Allemagne) et Caroline Roose (France), affirment que les gouvernements ne peuvent pas laisser passer cette occasion unique de faire progresser la protection et la restauration de la nature dans le monde. Ils doivent conclure un nouveau pacte pour la nature dès maintenant.
Pas de protection du climat sans nature
Notre nature est en crise. Nous avons perdu un tiers des zones humides de la planète et la moitié de tous les coraux – et nous continuons à détruire les forêts naturelles à un rythme alarmant. Un million d’espèces sont en danger d’extinction. En fait, les scientifiques pensent que nous vivons la sixième extinction de masse, et la première extinction de masse depuis que l’homme occupe la Terre.
Des écosystèmes sains sont tout aussi importants qu’un climat stable. Ils nous fournissent de la nourriture et de l’eau douce, nous protègent des catastrophes et des maladies, et constituent la base de notre économie.
Les océans, les forêts et les tourbières jouent également un rôle essentiel dans la régulation du climat mondial. Ils absorbent les émissions de carbone et nous protègent des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Mais ils ne peuvent le faire que s’ils sont en bonne santé.
C’est pourquoi nous devons nous attaquer à la fois à la destruction de la nature et à la crise climatique mondiale. Nous ne pourrons les résoudre qu’en s’attaquant aux deux à la fois. Mais la bonne nouvelle c’est que de nombreuses actions visant à sauver la nature contribuent également à sauver notre climat !
Lors de la COP15 à Montréal, nous avons besoin d’un nouveau pacte pour la nature
La tâche la plus importante de la conférence COP15 de Montréal est de mettre au point un nouveau Cadre mondial pour la biodiversité (GBF) qui guidera les actions visant à protéger la biodiversité jusqu’en 2030. Ce cadre doit être pour la nature ce que l’accord de Paris est pour le climat – un guide clair pour une action commune des gouvernements du monde entier.
Les enjeux sont plus élevés que jamais. Nous sommes arrivés à un point où nous devons non seulement arrêter la destruction en cours du monde vivant, mais aussi l’inverser et faire revenir la nature ! Nous avons besoin d’un plan mondial solide pour protéger et restaurer la nature au cours de la prochaine décennie – un New Deal pour la nature.
Ce cadre devrait inclure une série d’objectifs chiffrés et mesurables, tels que la protection robuste d’au moins 30 % des terres, de l’eau douce et des océans de la planète d’ici à 2030, ainsi que des objectifs mondiaux de restauration de la nature.
Un plan solide pour mettre en œuvre les mesures de protection de la biodiversité
Ce n’est pas la première fois que les gouvernements se fixent des objectifs en matière de protection de la nature. Mais jusqu’à présent, ils n’ont pas réussi à atteindre efficacement ces objectifs. Aucun des objectifs fixés pour 2020, les “objectifs d’Aichi” convenus au Japon en 2010, n’a été pleinement atteint.
Même lorsqu’ils ont été partiellement atteints, comme la désignation de zones protégées, ils n’ont pas toujours été efficaces pour protéger la faune sauvage. Des pays ont créé des “parcs de papier” sans connectivité suffisante, sans gestion adéquate et sans gouvernance équitable.
C’est pourquoi un plan de mise en œuvre solide est tout aussi important que des objectifs bien définis. Lors de la COP15, les parties doivent convenir d’un mécanisme de mise en œuvre parallèlement au cadre mondial. Les étapes telles que la planification, le suivi et l’établissement de rapports, ainsi que l’examen et le renforcement de l’action, doivent être claires dès le départ. Elles doivent également convenir d’un calendrier pour la réalisation de ces étapes.
Les parties doivent pouvoir commencer à mettre en œuvre le cadre immédiatement en fixant des objectifs nationaux et en actualisant leurs stratégies et Plans d’Actions Nationaux pour la Biodiversité (SPANB).
Un financement suffisant est essentiel pour parvenir à la mise en œuvre. L’argent devrait provenir principalement de sources publiques et être détourné des subventions néfastes à l’environnement versées aujourd’hui. En effet, les investissements publics dans la conservation et la restauration de la biodiversité n’ont guère de sens s’ils sont dépassés par des investissements qui contribuent à détruire la nature.
Pas d’accord à la COP15 sans les peuples autochtones et les communautés locales
La protection effective de 30 % des terres, de l’eau douce et des océans de la planète d’ici à 2030 ne sera pas possible sans la pleine participation et le leadership des peuples autochtones et des communautés locales (IPLC).
Des générations de peuples autochtones et de communautés locales ont protégé efficacement la nature et l’ont utilisée de manière réellement durable. Ils sont les meilleurs gardiens de la nature. Les terres appartenant à ces communautés couvrent au moins un tiers de toutes les terres de la planète, y compris des zones particulièrement précieuses et riches en nature, et elles sont généralement en bon état.
Aujourd’hui, 80 % de la biodiversité restante se trouve sur les terres, les eaux et les territoires des peuples autochtones et des communautés locales. Si nous voulons réparer notre relation brisée avec la nature, nous devons apprendre de ces alliés de longue date de la nature et soutenir leurs efforts pour protéger, défendre et restaurer leurs terres et leurs eaux.
Mais la capacité de ces peuples à sauvegarder la nature est menacée. Au cours de la dernière décennie, plus de 1 700 défenseurs de la terre et de l’environnement ont été assassinés, dont un nombre disproportionné issus de peuples autochtones.
La protection de la nature commence par la protection des droits, des moyens de subsistance et des cultures des peuples autochtones. Lors de la COP15, leur voix doit être au centre de la prise de décision, de la gestion et du financement de la protection de la nature.
Montrer l’exemple : l’UE doit faire plus pour la biodiversité
Enfin, l’Union européenne doit aussi balayer devant sa porte. La Commission européenne a annoncé des plans ambitieux pour protéger et restaurer la nature. Si nous voulons être crédibles sur la scène internationale, ces plans doivent être mis en œuvre.
Les objectifs de l’UE visant à protéger au moins 30 % des zones terrestres et maritimes de l’UE (et à protéger strictement au moins 10 % de ces zones) ne peuvent pas dépendre de la bonne volonté des gouvernements de l’UE. Ils doivent être contraignants pour tous les pays, tout comme l’objectif de 20 % proposé pour les mesures de restauration de la nature.
Ces actions nous aident également à protéger le climat au niveau mondial et à nous protéger des effets du changement climatique. Comme l’ont dit les architectes de l’Accord de Paris : il n’y a pas de voie pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C sans action de protection et de restauration de la nature.
En tant que Groupe des Verts/ALE au Parlement européen, nous défendons des actions fortes tant au niveau mondial qu’européen. Nous nous engageons à rendre notre Terre à nouveau habitable, en protégeant la nature et le climat.