La nouvelle loi climat rompt les promesses de l’Accord de Paris
Nous n'avons plus de temps à perdre pour ralentir suffisamment le dérèglement climatique. Pour Marie Toussaint, membre de la commission de l'Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI), nous ne pouvons soutenir une loi climat qui rompt toutes nos promesses climatiques.
NOTRE VISION
Pour atténuer les conséquences du changement climatique dans le peu de temps qu’il nous reste, il nous faut prendre des mesures ambitieuses, fondées sur ce que les scientifiques ont jugé nécessaire pour gérer une crise climatique qui prend de plus en plus d’ampleur. Il nous faut des objectifs stricts, juridiquement contraignants, en matière de réduction des émissions, un contrôle indépendant afin de s’assurer que l’action climatique est effectivement mise en œuvre, et un financement adéquat pour gérer la crise.
DE QUOI S’AGIT-IL?
L’UE est sur le point d’adopter la toute première « Loi Climat » ; toutefois, les modalités de cette loi laissent largement à désirer et sont beaucoup trop insuffisantes.
En résumé :
Après que le Parlement européen a déclaré l’urgence climatique le 28 novembre 2019, la Commission a présenté un projet de « loi sur le climat ». Toutefois, cette loi était insuffisante, et a été décrite par Greta Thunberg et les jeunes militants pour le climat comme étant une forme de « capitulation ».
Nous sommes parvenus à convaincre le Parlement européen d’adopter une position plus ambitieuse, assortie d’objectifs climatiques plus exigeants, d’instruments puissants dans le domaine du climat et d’un financement solide.
Toutefois, les gouvernements de l’UE, au sein du Conseil, font toujours obstacle à la progression des négociations finales. Nous pensons qu’ils doivent écouter les représentants élus du Parlement européen, les scientifiques et les militants, et prendre une décision rapide et ambitieuse afin de protéger notre planète.
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QUE DEMANDONS-NOUS ?
Le groupe Verts/ALE réclamait un objectif de 65 % de réduction des émissions, mais au Parlement européen, seule une réduction de 60 % a obtenu une majorité. Toutefois, même un tel objectif est bien meilleur que la position des gouvernements de l’UE, qui est de se contenter d’une réduction de 55 % seulement. De plus, ce chiffre de 55 % n’est pas réel : il est basé sur des manipulations comptables.
Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris, les engagements nationaux ne suffisent pas, et l’UE a besoin d’un objectif plus ambitieux pour réduire ses émissions. En Allemagne, la Cour constitutionnelle a récemment jugé que la promesse du gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % (soit le même niveau que dans la loi européenne) constituait en réalité une violation des droits et des libertés des jeunes qui ont intenté l’action, car elle retardait l’action véritable nécessaire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
Pour concrétiser l’ambition climatique dont nous avons besoin aujourd’hui plus que jamais, il nous faut un système contrôlant nos progrès et supervisant nos efforts au cours des années cruciales à venir alors que nous luttons pour sauver notre planète. Nos niveaux d’émissions de gaz à effet de serre doivent être soigneusement planifiés et évalués mois par mois, année par année, de la même manière que le budget d’un ménage ou d’un État ; sans cela, des engagements audacieux resteront toujours des promesses vides. C’est pourquoi nous voulons introduire un « budget des gaz à effet de serre ».
Il nous faut également créer un comité scientifique indépendant, ou « Conseil climatique européen », afin de superviser la progression de l’UE vers la neutralité climatique, de contrôler le respect des engagements en matière de réduction des émissions et de superviser le budget des gaz à effet de serre de l’UE. Le Conseil climatique devrait évaluer la politique climatique et déterminer quels seront les dommages pour le climat si une action ambitieuse n’est pas entreprise à temps.
NOS CINQ GRANDS AXES
- Un objectif climatique fort, d’au moins 60 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 – sans manipulation comptable !
- Un budget des gaz à effet de serre qui nous indique combien nous pouvons encore émettre tout en restant dans les clous de l’objectif de 1,5 degré de réchauffement climatique. Sur la base de cette analyse, d’autres objectifs climatiques doivent être fixés pour l’avenir, tels que l’objectif pour 2040.
- Un Conseil climatique scientifique indépendant qui gardera un œil sur la progression de l’UE vers la concrétisation de ses engagements climatiques.
- Une interdiction des subventions aux combustibles fossiles, afin que les industries polluantes n’aient plus le dessus et que les solutions propres aient la possibilité de faire progresser l’économie et d’améliorer la vie de la population.
- La reconnaissance du droit légal de tout individu à vivre sur une planète saine - et de poursuivre en justice les gouvernements (et l’UE) s’ils bafouent ce droit !