Non au chantage d’Orbán sur l'Etat de droit et la politique de l'UE
Aujourd'hui, les présidents des principaux groupes démocratiques du Parlement européen ont envoyé une lettre à la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en prévision de la décision attendue de la Commission de procéder à des paiements à la Hongrie dans le cadre de la politique de cohésion. La Commission devrait accepter de débloquer des fonds en dépit d'une analyse détaillée qui montre que Budapest n'a pas encore rempli ses propres conditions.
Déclaration de Philippe Lamberts, député européen et Président du Groupe des Verts/ALE:
"La Commission se doit d’agir en tant que gardienne des traités. Elle doit également protéger l'Etat de droit et contribuer à restaurer les institutions démocratiques en Hongrie au lieu d’y nuire. En affirmant que le gouvernement hongrois a rempli les critères nécessaires, la Commission montre qu'elle ignore la réalité juridique et politique. Il semble que la Commission soit prête à tolérer, pour des raisons purement stratégiques, le fait que la Hongrie ne soit plus une démocratie. Les principaux groupes démocratiques du Parlement européen sont unanimes pour exprimer leur désaccord avec l'évaluation juridique de la Commission et s'opposent à la décision qu'elle s'apprête à prendre.
" La Commission a l'intention de débloquer dix milliards d'euros de fonds européens au lendemain de l'adoption par le Parlement hongrois de la loi sur la souveraineté, qui pourrait entraîner l'emprisonnement de politiciens de l'opposition et de criminaliser la société civile. Cet accord ne prévoit pas les garanties nécessaires pour s'assurer que les fonds de l'UE ne seront pas détournés à des fins frauduleuses ou qu'ils ne conduiront pas à une plus grande dégradation de la démocratie et de l'état de droit ou à la suppression des droits des citoyens.
"Viktor Orbán entrave la prise de décision et le soutien de l'UE à l'Ukraine, et il en est récompensé. Il joue au jeu du chat et de la souris depuis des années en proférant de grandes menaces, suivies de concessions limitées, pour finalement parvenir à ses fins. Cette décision ne fera qu'encourager les autocrates en herbe en leur montrant qu'ils peuvent se moquer des règles, sans en subir les conséquences.
" Le Conseil commet une erreur fondamentale en ne poursuivant pas la procédure de l'article 7 pour la Hongrie. Si elle veut être vue comme un acteur sérieux et crédible, l'UE doit aller au-delà de l'unanimité en matière de politique étrangère et de compétences budgétaires. Nous ne pouvons pas abandonner nos amis ukrainiens qui versent leur sang sur la ligne de front pour défendre les valeurs européennes. Nous ne devons pas permettre à l'ami de Poutine de compromettre l'engagement de l'UE envers Kiev".
En savoir plus:
La lettre signée par les présidents de groupe du Parlement européen est disponible ici. Le Comité hongrois d'Helsinki et Verfassungsblog ont entrepris une analyse détaillée des conditions posées par la Commission au gouvernement hongrois. L'année dernière, le Parlement européen a reconnu que la Hongrie ne pouvait plus être considérée comme une démocratie, mais comme un régime hybride d'autocratie électorale.