Les travailleurs du secteur des transports routiers abandonnés par la Commission
Paquet mobilité routière
Suite à la présentation, ce mercredi 31 mai, par la Commission européenne de son paquet sur la mobilité routière, Karima DELLI, Présidente de la Commission des Transports du Parlement européen a déclaré:
« Les propositions de la Commission sont de la plus haute importance car elles font écho à deux défis majeurs en Europe : la réduction de la pollution et le dumping social qui déchire le continent d’Est en Ouest.
Sur les aspects environnementaux, la révision de la directive Eurovignette va dans le bon sens dans la mesure où elle introduit le coût du changement climatique du secteur routier responsable de 20% des émissions de CO2 en Europe. Baser les redevances sur la distance parcourue et non plus sur le temps de trajet est une revendication écologiste de longue date, nous pouvons donc nous en féliciter. Reste que nous pourrions aller encore plus loin dans un futur proche, en rendant le dispositif obligatoire et non plus seulement volontaire.
Sur le plan social, malgré la dégradation continue des conditions de travail du secteur depuis des années à cause de la compétition déloyale, la Commission ne semble pas prête à mettre un frein à cette tendance. C’est malheureux car le Parlement a récemment adopté une résolution appelant à ne pas aller plus loin dans la libéralisation du cabotage et demandant à la Commission d’être cohérente avec les engagements du pilier européen pour les droits sociaux.
Les nouvelles règles de ce paquet routier proposent d’exclure les routiers de la directive sur le travail détaché en deçà de 3 jours passés dans un État donné, ce qui amoindrit la protection sociale des chauffeurs travaillant à l’étranger. En effet, le principe même du travail détaché est qu’un chauffeur travaillant à l’étranger doit percevoir le salaire minimum local. Cette nouvelle règle ne fera que renforcer le contournement de la législation par ceux qui profitent du détachement pour exploiter les travailleurs.
C’est non seulement dangereux pour les Européens en termes de souffrance au travail et de sécurité routière. C’est aussi dangereux pour le futur de l’Europe car le dumping social oppose les salariés européens entre eux, nourrit la colère et renforce ainsi les eurosceptiques. Nous aurons donc besoin d'une régulation plus ambitieuse et de contrôles enfin effectifs pour endiguer ces abus dans les faits. C’est en ce sens que le Parlement européen doit avancer les prochains mois. »