Directive déchets nucléaires
La Commission Européenne veut enterrer les inquiétudes nucléaires à laide dune nouvelle directive sur les déchets
Le Commissaire Européen à l'Energie, Günther Oettinger, a présenté aujourd'hui de nouvelles propositions en vue d'une directive sur la gestion des déchets nucléaires. Pour les eurodéputés Verts/ALE, certains aspects cruciaux ne sont pas pris en compte.
Commentant ces propositions, Rebecca HARMS, coprésidente du Groupe Verts/ALE au Parlement Européen a estimé que:
"Les propositions présentées aujourd'hui pour de nouvelles normes communautaires en matière de déchets nucléaires constituent un simple exercice de communication. Il s'agit de donner l'illusion que l'Union Européenne s'occupe de ces questions, que les problèmes causés par les déchets nucléaires peuvent être résolus. Il s'agit de procurer une légitimité de façade à la soi-disant "renaissance du nucléaire" que le lobby de l'atome promeut activement. Personne ne devrait tomber dans le panneau : les propositions de la Commission ne répondent pas aux inquiétudes des citoyens face à la dangerosité des déchets radioactifs."
" Ainsi, concernant la question cruciale de la définition des déchets nucléaires, la Commission laisse aux Etats-Membres une grande marge de liberté. Ils pourront décider ce qui doit être considéré ou non comme déchets radioactifs, et ainsi mettre sous le tapis une large gamme de matériaux potentiellement dangereux(1)."
Yannick JADOT, eurodéputé français - Europe Ecologie - (Verts/ALE) a pour sa part souligné le fait que:
"Dans l'industrie nucléaire, l'opacité est permanente, la parole d'Etat est à peine contestable. Mais la Commission ne s'attaque pas à cela. La question du processus de décision et de la participation publique au débat sur la gestion des déchets radioactifs n'est pas traitée. La question de la responsabilité financière est également loin d'être résolue, alors que dans de nombreux Etats-Membres on ne sait toujours pas bien qui devra supporter le fardeau financier de la gestion des déchets nucléaires. Les coûts estimés continuent d'augmenter et ont même récemment doublé en France."
"Au lieu de traiter ces questions, la Commission préfère donner l'impression que l'enfouissement des déchets radioactifs en profondeur est une option consensuelle. Pourtant le débat est loin d'être clos : il n'y a pas de consensus technique ou politique sur les options de stockage définitif de ces déchets.
Face à l'absence de solution satisfaisante pour gérer ces déchets dangereux, le fantasme de la "renaissance du nucléaire" en Europe est tout simplement irresponsable."
(1) Notamment, les combustibles nucléaires usés pour lesquels les industries peuvent prétendre qu'un potentiel de retraitement existe peuvent être exclus de ce cadre réglementaire. Cela signifierait que le Commissaire Oettinger ne respecterait pas ses propres promesses de bannir les exportations de déchets nucléaires (vers la Russie notamment). En outre, les déchets issus des mines d'uranium, mais aussi des activités militaires nucléaires et autres sources ne seront pas couverts par la directive.