Union européenne et nucléaire
Des "stress tests" peu stressants pour l'industrie nucléaire
La Commission européenne a annoncé ce matin avoir trouvé un accord sur les tests de résistance ("stress tests") sur les centrales nucléaires en Europe. Mais les autorités de sûreté nucléaire européennes ont refusé de prendre en compte les risques liés aux attaques terroristes, les chutes d'avions, ou les cyber attaques. Selon les députés du Groupe Verts /ALE du Parlement européen, ces tests sont loin d'avoir la rigueur nécessaire pour évaluer correctement la sûreté de nos réacteurs et réduire au maximum le risque d'accident.
Yannick JADOT, député européen Europe Ecologie - les Verts/ALE a déclaré :
"De toute évidence, le Commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger a perdu la lutte face aux autorités britanniques et françaises, et n'a pas réussi à imposer des "stress tests" totalement transparents et indépendants, qui prennent en compte tous les critères nécessaires. Le Commissaire avait longtemps campé sur ses positions et affirmé qu'il prendrait en compte les attentats terroristes dans le cahier des charges mais il a finalement du céder face à la pression des autorités françaises et britanniques. Il tente de sauver la face en renvoyant cette question de sécurité et de terrorisme à des futurs groupes de travail nationaux, mais c'est finalement le moins-disant sécuritaire qui remporte la mise. Ces tests se transforment, comme prévu, en simple exercice de communication, orchestré par les autorités nationales, tandis que pendant ce temps, les citoyens européens s’interrogent légitimement sur le risque qu’on leur impose. C'est l'arrogance nucléaire française qui se poursuit, illustrée d'ailleurs par les mensonges du PDG d'EDF Henri Proglio, qui déclarait hier dans le journal Le Monde que la catastrophe de Fukushima n'était lié qu'à un tsunami, contrairement à tous les éléments dont on dispose aujourd'hui."
Michèle RIVASI, députée européenne Europe Ecologie - les Verts/ALE ajoute:
"Cette conférence de presse me laisse un goût amer, tant pour la sécurité des citoyens que pour le combat qu'a su mener le Commissaire Oettinger face au lobby nucléaire ces dernières semaines. Que penser de la déclaration de l'ENSREG disant que les régulateurs 'savaient très bien ce qu'il fallait faire pour améliorer la situation' dans les centrales ? Cela veut-il dire que les conditions optimales de sécurité n'étaient pas jusque là réunies? Inquiétant! Par ailleurs je m'interroge sur les contraintes qui seront imposées aux régulateurs en matière de tests puisque ceux-ci seront faits sur une base volontaire ... Alors que ces tests devraient mener à la fermeture des centrales les plus à risque, nous avons pu entendre que le but de ces tests n'était pas d'aboutir à la fermeture de centrales. Quelle sera donc la finalité de ces tests de résistance si ce n'est d'aboutir à de dangereuses améliorations à la marge, aussi inutiles que coûteuses pour le contribuable européen? "