Nucléaire
La Commission européenne n’a pas le droit d’autoriser des aides d’État pour les EPR d’Hinkley Point
D'après certaines agences de presse, le commissaire européen à la concurrence, Joaquin Almunia, viendrait d'approuver – sous certaines conditions, inconnues jusqu’à présent - les mécanismes financiers censés permettre la construction de deux nouveaux réacteurs EPR à la centrale nucléaire d'Hinkley Point au Royaume-Uni.
Réaction de Michèle Rivasi, Vice-Présidente du groupe des Verts/ALE:
« Les dernières informations qui nous parviennent sont choquantes et, si elles s'avèrent véridiques, témoignent du poids du lobby nucléaire au sein de la Commission européenne. C’est la raison pour laquelle je suis à l’origine d’une lettre adressée au Commissaire Almunia pour avoir des explications.
L'an dernier, la Commission publiait une décision notifiant le Royaume-Uni de l'ouverture d'une enquête sur le mécanisme financier soutenant le projet Hinkley Point C. Ses observations pré-enquête étaient sans appel (1): un prix fixe de 92.50 £ / MWh pour 35 ans ainsi que des garanties d'Etat pour un crédit de 10 milliards £ ont de fortes chances de constituer des aides d'état, qui viendraient perturber le libre marché européen. La description faite par la Commission est on ne peut plus préoccupante : une aide inutile et inefficace qui ne permet pas de garantir la sécurité d'approvisionnement, un avantage accordé alors que d'autres solutions n'ont pas été prises en compte (renouvelables, réseaux), un fardeau économique...
Quand on voit la débâcle financière des réacteurs EPR en construction à Flamanville et Olkiluoto - dont les coûts ont quasiment triplé, atteignant désormais 8.5 milliards d'euros - ainsi que l'accumulation des retards (de 3 à 9 ans), sans parler des malfaçons, il est simplement irresponsable de faire supporter aux citoyens britanniques un tel risque économique et environnemental. Tout comme il est inadmissible d'ouvrir la voie à de telles subventions pour une énergie qui a trop longtemps bénéficié d’un soutien financier et réglementaire incomparable avec celui apporté aux énergies renouvelables.
Le Collège des Commissaires européens doit rejeter le système d'aide prévu pour Hinkley Point C, faire le contraire démontrerait une fois de plus que la Commission est incapable de ne pas céder aux pressions des États et à l’influence des lobbies ».