Futur budget de l'UE
Un accord budgétaire dénué de vision pour l'avenir
L'accord final sur le cadre financier pluriannuel (2014-20) de l'UE a été confirmé par le Parlement européen lors d'un vote qui s'est tenu aujourd'hui: c'est la première fois, le Parlement européen a joué un rôle de co-décision en ce qui concerne le cadre budgétaire de l'UE. Les Verts ont voté contre le résultat qui conduire à de nouveaux déficits. Commentant l'issue du vote, le co-président du Groupe des Verts/ALE, Daniel COHN-BENDIT a estimé que:
"Il est tout simplement impossible qu'en démocratie il n'y ait pas d'alternative à ce type de budget. C'est justement parce que les budgets nationaux sont déficitaires, que la relance ne peut venir que d'un budget européen ambitieux. L'UE n'est pas à la hauteur de ce qu'il faut faire pour sortir de la crise. C'est la raison pour laquelle le Groupe des Verts/ALE a voté contre budget pluriannuel."
Isabelle DURANT, membre de la commission du budget a pour sa part estimé que:
"Après deux ans de discussions, nous en sommes à la dernière étape d’adoption pour ce futur cadre budgétaire et on assiste dans ce Parlement à une scène surréaliste : PPE, Socialistes, Libéraux, tous font pleuvoir les critiques sur ce 'MFF' (cadre financier pluriannuel), mais tous vont le voter. Fous ou masochistes, difficile à dire ! De Barroso à Van Rompuy, on nous répète que sortir de la crise se fera avec plus d’Europe. Mais un budget en baisse de 9%, qui maintient les inégalités entre agriculteurs, continue à alimenter ce gouffre financier que représente ITER, et qui baisse la solidarité internationale et l’enveloppe en matière de Recherche, traduirait ce plus d’Europe et serait la solution ?
Ce MFF n’est pas, comme certains le prétendent, un MFF responsable ou courageux, mais bien le résultat d'une fuite vers l'avant. Une fuite vers l'avant parce qu’on n’assume pas sa responsabilité, de report parce qu’on considère que dans deux ou trois ans tout ira mieux... Alors que nous savons tous que nous entrons dans un cycle qui va nous amener vers un déficit de quelques 20 milliards dans les années à venir. Ce n’est pas un MFF de courage, mais un MFF d’un Parlement qui n’ose pas prendre ses responsabilités et qui n’ose pas représenter ses citoyens alors que c’est sa mission première. Aller aux élections européennes avec un tel message ne va être simple à expliquer, je suis persuadée que cela ne fera qu'augmenter le désenchantement des citoyens européens pour le projet européen."
François ALFONSI, membre de la commission du budget a ainsi conclu:
"Tous les parlementaires savent que ce cadre financier est mauvais : dans un vote, il y a un an les députés s'étaient prononcés pour un budget ambitieux, et on voit bien qu'on est très loin du compte.
On a d'abord un mauvais budget, c'est la première fois dans l'histoire de l'Europe qu'on assiste à un recul sur les crédits européens d’une période à l’autre et cette baisse est considérable : -9%. En outre c'est une mauvaise négociation : flexibilité minimale, refus de la révision à mi-parcours qui aurait permise au budget de repartir de l'avant, et surtout renoncement sur les ressources propres.
Le traité de Lisbonne donne au Parlement un pouvoir celui de dire non. C'est donc aujourd'hui sa responsabilité : s’il vote ce budget, il décidera de capituler face au recul de l'idée européenne."