Désigner un enquêteur international à Malte et créer un titre européen du journalisme d’investigation
Protection des journalistes et liberté des médias
Déclaration d’Eva JOLY, Vice-Présidente de la Commission d’enquête Panama Papers :
« Joseph Muscat, le premier ministre maltais, est encerclé par les affaires. Ce qui n’était qu’hypothèses il y a quelques mois est désormais étayé par des documents fuités. Sa réélection ne l’a pas blanchi. Seules des enquêtes approfondies et menées de manière indépendante pourront redorer le blason de ce gouvernement et plus largement de Malte où semblent régner corruption, opacité et impunité.
Le gouvernement maltais doit démissionner car il porte atteinte à la primauté du droit dans son propre pays. La façon dont ce gouvernement a traité le blanchiment d'argent est en contradiction avec notre vision commune de la démocratie. Les lanceurs d’alerte sont effrayés, l’un d’entre eux a même préféré fuir le pays. Afin de rétablir la confiance dans la primauté du droit, nous exigeons la nomination d'un enquêteur international dont la rigueur ne fait aucun doute et qui sera pleinement impliqué dans les enquêtes. Quand l'État de droit est en jeu, l'Europe doit agir. Il est également regrettable que Malte ait choisi de ne pas participer au projet de Parquet européen, qui pourrait pourtant permettre de renforcer les enquêtes relatives aux fraudes financières et serait garant d'investigations indépendantes.
En raison de l'incapacité du gouvernement maltais à défendre la primauté du droit, nous soutenons la demande de la famille de Daphne Caruana Galizia que le gouvernement se retire. Nous demandons également une enquête sérieuse de la part de la Commission européenne sur le respect par Malte des règles européennes contre le blanchiment d'argent.
C’est parce qu’elle voulait faire la lumière sur tout cela que Daphne Caruana Galizia a été lâchement assassinée. Cet assassinat est une attaque contre les valeurs européennes. Le meurtre doit faire l'objet d'une enquête approfondie et indépendante. Honorer son travail signifie enquêter sur ses révélations avec la même rigueur que sur le meurtre lui-même.
Je veux rendre hommage à son engagement contre la corruption et à son travail d'investigation.
Le combat des journalistes et des lanceurs d’alerte pour faire la transparence sur les affaires est essentiel mais aussi terriblement dangereux, même au sein de l’UE. C’est la raison pour laquelle, pour mettre en lumière l’un d’entre eux, chaque année, et lui apporter ainsi une relative protection, je vais porter l’idée d’un "prix européen du journalisme d’investigation Daphne Caruana Galizia", sur le modèle du prix Sakharov. L’UE ne peut pas décemment défendre internationalement la liberté de la presse quand, en son sein-même, des journalistes sont intimidés ou, pire, assassinés."