L'Union Européenne et la crise du lait
Les paysans ont besoin de justice, pas de compassion
La déclaration de Mme Fisher Boel, Commissaire européen à l'agriculture et au développement rural, aujourd'hui devant le Parlement montre que la Commission européenne n'a pas pris en compte les signaux d'alarmes qui lui proviennent de toute part depuis des mois.
En affirmant que les producteurs de lait avaient besoin de compassion puis en ajoutant que les quotas seraient supprimés définitivement en 2015 et qu'il fallait restructurer la production, la Commissaire n'a pas répondu au désarroi des paysans.
Au contraire, elle a mis de l'huile sur le feu. La proposition de poursuivre les politiques de restructuration s'apparentent ni plus ni moins qu'à une lettre de licenciement adressée à des dizaines de milliers d'éleveurs dans les 27 pays de l'Union.
"Nous devons réduire les quotas laitiers de 5 % le plus rapidement possible. Cette réduction de l'offre doit être mise en oeuvre dans tous les pays de l'Union européenne sans tarder pour permettre une sortie de crise" a déclaré José Bové (Verts/ALE) Vice-Président de la commission de l'agriculture et du développement rural du Parlement européen.
Il a souligné que les négociations entre les éleveurs et les industries laitières sont inégales et les industriels profitent de la concentration du marché pour imposer des prix inférieurs aux coûts de production. José Bové souhaite que les pouvoirs publics s'impliquent dans ces négociations pour déboucher sur un prix du lait enfin en accord avec l'objectif initial de la PAC de 1958 qui était de garantir un revenu décent aux paysannes et aux paysans.
Sur le moyen terme, et dans le cadre de la préparation de la Conférence de Copenhague sur le Climat, José Bové reste persuadé que l'agriculture doit réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Cela passe par une production laitière localisée avec des animaux essentiellement nourries à base d'herbe et une fin à terme des élevages hors-sols nourries avec du soja produits à l'autre bout de la planète.
Par rapport à l'OMC, M. Bové souhaite que la Commission défende le droit à la souveraineté alimentaire qui permettra à l'Europe et aux autres régions de la planète de relancer les productions locales et vivrières.