Séisme au Japon
Avec le nucléaire, le risque zéro n'existe pas
Le Groupe des Verts au Parlement européen exprime ses sincères condoléances au peuple japonais affecté par le puissant tremblement de terre.
Le séisme de magnitude 8,9 qui vient de frapper le Japon est une catastrophe naturelle de grande ampleur, imprévisible et dont certains effets pourraient être irréversibles pour les complexes industriels japonais. Au-delà de la peur qui saisit le pays entier, mais aussi des morts qui se comptent par centaines, un problème doit susciter toute l’attention du gouvernement japonais et des experts internationaux : l’impact du séisme sur les centrales nucléaires japonaises.
Réaction Michèle RIVASI, député européenne Europe Ecologie – Les Verts et spécialiste des questions nucléaires dresse le constat suivant:
"Tout en niant, dans un premier temps, toute fuite radioactive, les autorités ont déclaré l'état d'urgence nucléaire par «principe de précaution ». Pourtant la situation semble plus alarmante que le gouvernement souhaite le faire transparaître : au total 11 réacteurs ont été automatiquement arrêtés lors du tremblement de terre, par mesure de sécurité, et ce afin de minimiser les risques. Il y a actuellement au Japon 2 centrales nucléaires en situation d'urgence. Celle de Fukushima connaît un problème d'ordre mécanique au niveau du système de refroidissement du réacteur. Conséquence: environ 3000 riverains vivant, dans un rayon de trois kilomètres, ont été évacués. Il y a aussi la centrale d'Onagawa, où le processus de refroidissement du cœur nucléaire ne se déroulerait pas comme prévu. Actuellement, le niveau des eaux de refroidissement connaîtrait une baisse inquiétante."
Pour l’eurodéputée, les risques sont nombreux et dépendent de la qualité de la gestion de cette crise : "Ce que les gens ne savent pas, c’est qu’arrêter le fonctionnement d’une centrale n’écarte finalement aucun risque, puisque dans le cas présent le plus important est de permettre le refroidissement des réacteurs pour éviter qu’ils n’entrent en fusion. Mais sans électricité, comment faire circuler les eaux de refroidissement? Quelles solutions ont trouvé les autorités : les centrales sont-elles désormais reliées à des sources d’énergie extérieures ? Les groupes électrogènes seront-ils suffisants pour maintenir le refroidissement ? Comme d’habitude, la communication sur les faits est limitée au maximum, mais les doutes subsistent : alors que le gouvernement fait tout pour rassurer la population, certains média japonais feraient état d’une fuite radioactive. Il faut des preuves et réagir vite."
La conclusion de cette catastrophe doit s’imposer aux dirigeants internationaux selon Michèle RIVASI:
"Un tiers du mix énergétique japonais repose sur le nucléaire et le pays envisage d’ouvrir une dizaine de nouvelles centrales d’ici 2030 pour faire passer cette proportion à 50%. Comme la France et d'autres pays, le Japon affaiblit sa sécurité énergétique tout en prenant des risques insensés. N’oublions pas que le réseau Sortir du Nucléaire avait révélé en juillet 2007 que les centrales nucléaires françaises n'étaient pas aux normes sismiques et qu'EDF avait falsifié les données sismiques de ses centrales nucléaires pour ne pas supporter des travaux de mise aux normes trop onéreux. La France n’est donc pas épargnée par un tel risque."