Tian An Men
20 ans déjà et aucune perspective démocratique à l'horizon chinois
Il y a déjà 20 ans que le monde s'éveillait, horrifié, pour découvrir que la place Tian An Men qui était occupée depuis le 13 mai par des étudiants et des ouvriers en grève, avait été nettoyée par l'armée populaire chinoise. Aujourd'hui, cet évènement reste un sujet tabou en Chine, et le Parti Communiste n'a jamais fourni la moindre explication. Personne ne sait ce qui s'est exactement passé sur cette place et surtout, dans les artères avoisinantes, ou les tirs ont été les plus nourris. Combien de morts, de blessés ? Mystère. Des témoignages de la Croix rouge chinoise et de personnel travaillant dans les morgues des hôpitaux évoquent le chiffre de 3000 morts.
En réaction à cette oppression, les dissidents chinois ont rédigé, l'automne dernier, la "Charte 08", une pétition pour la démocratie appelant à la réforme politique et critiquant ouvertement le gouvernement de Pékin. Les signataires appellent, entre autre, à une nouvelle constitution, un système politique multipartite, à la séparation des pouvoir, à des élections libres à tous les niveaux, à la liberté d'association, d'expression, de religion, à la protection de l'environnement, à la libération des prisonniers politiques, à des réparations pour les victimes d'abus de l'état et à la mise en place d'une "Commission d'enquête pour la vérité". Bien que toutes personnes signant cet appel ce met en danger, leur nombre ne cesse de grandir. Aujourd'hui, plus de 8,000 personnes l'ont signé.
Le Parlement européen a montré sont soutien aux dissidents chinois en remettant son Prix Sakharov à Hu Jia en décembre dernier - un message clair adressé aux dirigeants chinois.
Helga Trüpel; députée européenne allemande, membre de la délégation pour les relations avec la république Populaire de Chine :
"Aujourd'hui, je pense tout d'abord aux victimes et à leurs familles, et en particulier à la courageuse Ding Zilin, qui a fondé le mouvement des mères de Tian An Men, et qui cherche toujours à savoir ce qui est arrivé à son jeune fils. Je pense aussi au présent : la Chine subit les conséquences de la crise économique et vit une crise sociale majeure, mais ses dirigeants s'obstinent à museler la liberté d'expression, la liberté syndicale, ... alors que la corruption est partout et que Pékin peine à garder le contrôle sur ses provinces. Il est plus que temps que les dirigeants du Parti Communiste chinois entreprennent une réforme politique. J'en appelle également à l'Union européenne qui doit maintenir l'embargo sur les armes".
Au cours du dialogue droits de l'Homme entre l'UE et la Chine, la question du massacre de Tian An Men doit être mise à l'agenda : l'UE doit demander aux autorités chinoises d'autoriser le débat public et de stopper la censure à ce sujet.
Les Verts regrettent que des anciens dissidents de Tian An Men aient été refoulés de Hong Kong et Macao, tel Wu'Er Kaixi, qui a été expulsé sur le champ.
Enfin les Verts rappellent que de nombreux dissidents vivent des situations extrêmement pénibles en Chine, qu'ils soient victimes de harcèlement ou de menaces, ou qu'ils soient incarcérés, ce qui est notamment le cas du prix Sakharov du Parlement européen Hu Jia, qui est en prison, et de son épouse et de leur toute petite fille, qui vivent en recluses dans un appartement, avec la police sur le palier. Cette situation ne peut plus durer, et l'Union européenne a la responsabilité morale de peser de tout son poids sur les dirigeants chinois.