Autorisation d'OGM
Jean-Claude Juncker sème la zizanie en Europe
La Commission européenne a proposé aujourd'hui un nouveau cadre pour la renationalisation des décisions concernant l'autorisation d'importation d'organismes génétiquement modifiés. Cette proposition devrait prévoir la possibilité pour les États membres de refuser la commercialisation de ces OGM sur leur territoire sans pour autant interférer sur la procédure européenne d'autorisation des OGM par la Commission.
Pour José BOVÉ, membre de la commission agriculture et développement rural :
" Cette proposition est conforme à l'objectif de la Commission européenne qui veut faciliter l'entrée des OGM dans l'UE. Le nouveau cadre qu'elle propose pour autoriser l'importation d'OGM contenus dans les aliments répond à la même logique que celle qui a prévalu dans la révision récente des règles autorisant les cultures d'organismes génétiquement modifiés. Jean-Claude Juncker fait n’importe quoi ! A-t- il oublié qu’il n’existe plus de contrôle aux frontières ? Et que se passera- t-il quand un pays qui aura
interdit un OGM sera attaqué devant l’Organisation mondiale du commerce par la firme le commercialisant? Sera-t-il défendu par un Commissaire européen qui se sera prononcé en faveur de cet OGM ? On est en pleine incohérence!
En offrant aux États membres la possibilité de refuser pour leur territoire des OGM autorisés au niveau européen, la Commission peut se féliciter d'avoir enfin les mains libres pour autoriser, à sa guise, les OGM à son niveau. Une méthode qui lui permet de passer en force malgré les fortes réticences des citoyens européens.
Le président Juncker avait pourtant promis de travailler à une procédure d'autorisation des OGM plus démocratique... Manifestement, il n'a pas fait la différence entre une procédure d'autorisation plus démocratique et une procédure qui accélère les décisions d'autorisation. Rendre la procédure plus démocratique, c'est changer le modèle actuel de production industrielle de l'alimentation en tenant compte de l'opposition constante des citoyens aux OGM et en ne permettant pas à la Commission de passer outre les États refusant les autorisations.
Au lieu de transposer la logique à l'oeuvre pour les cultures d'OGM aux aliments contenant des OGM, nous devrions plutôt appliquer un système d'autorisation démocratique à ces deux domaines. Nous continuerons donc à exercer un maximum de pression tout au long de l'examen par le Parlement européen et le Conseil de cette proposition de législation.
D'autant plus que dans les prochaines semaines, la Commission entend autoriser 17 nouveaux OGM. Une attitude cynique alors que nous sommes en train de revoir la procédure d'autorisation et qui n'est pas sans lien avec les négociations en cours sur le TTIP (Traité transatlantique de commerce et d'investissement). Pas plus tard qu'hier, le représentant de l'agro-business américain décrétait que les OGM constituaient, pour eux, une ligne rouge. La Commission est-elle capable d'entendre autre chose que les intérêts des compagnies des biotechnologies!"