Un plagiat à la mesure de l’impuissance des pouvoirs publics
Glyphosate
Ce mardi 15 janvier, Bart Staes, co-rapporteur pour la Commission PEST sur la procédure d’autorisation des pesticides par l’UE a tenu une conférence de presse avec ses collègues des groupes S&D et GUE au sujet de la procédure de renouvellement de l’autorisation du glyphosate. À leur demande, les experts Stefan Weber et Helmut Burtscher-Schaden ont présenté un rapport détaillant l’étendue du plagiat de l'agence allemande Bfr chargée d’évaluer la demande de renouvellement du glyphosate introduite par les industriels, parmi lesquels Monsanto.
Les experts ont étendu considérablement leur analyse qui porte désormais sur pratiquement un tiers de l’évaluation. Désignée il y a 7 ans comme État rapporteur pour l’UE de l’évaluation, l’Allemagne, à travers son institut fédéral d’évaluation des risques (Bfr) s’est affranchie des obligations légales d’indépendance et d’objectivité.
Déclaration de Bart STAES, co-rapporteur pour la Commission PEST :
« En invitant ces experts qui ont été parmi les premiers à soulever la partialité de l’évaluation de l’institut fédéral allemand d’évaluation des risques, nous voulons amplifier les recommandations du rapport de la Commission PEST que notre Parlement devrait adopter demain à une large majorité.
Il est inquiétant de constater un plagiat à hauteur de 50 %. Le Bfr s’est attribué l’analyse d’études publiées indépendantes alors que celle-ci a entièrement été rédigée par Monsanto. Une fraude d’autant plus grave qu’elle concerne les parties dans lesquelles les industries ont évincé les études mettant en garde contre la dangerosité du glyphosate.
L’indépendance de l’évaluation par les pouvoirs publics des substances que l’industrie chimique veut mettre sur le marché européen est un prérequis dont on ne peut se passer pour légitimer les décisions politiques. Aujourd’hui, notre initiative commune montre que le souci du groupe Verts-ALE de protéger la santé des Européens est désormais partagé par beaucoup de nos collègues.
Notre bataille acharnée pour la transparence et la défense du travail scientifique contre les assauts d’une industrie sans scrupule n’a pas été vaine. Nous avons obtenu la Commission PEST et nous devons poursuivre notre travail pour changer les pratiques. »
Déclaration de Michèle RIVASI, coordinatrice Verts-ALE pour la Commission PEST :
« La santé publique ne peut plus passer après les intérêts de l’industrie chimique. Garantir l’indépendance des agences tant nationales qu’européennes est le seul moyen de regagner la confiance des citoyens envers nos institutions.
Si les failles dans la procédure d’autorisation du glyphosate ont particulièrement marqué les esprits, le REACH gate a encore montré récemment une impuissance fondamentale des pouvoirs publics, aux niveaux national et européen, à honorer leur mission de protection des populations.
Il est urgent de réhabiliter les agences européennes, d'accroître la transparence et de garantir aux scientifiques les ressources leur permettant d'accomplir un travail indépendant pour enfin recadrer les industries en les cantonnant à leur rôle de simples acteurs économiques».