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Communiqué de presse |

Crise de la zone euro et des dettes souveraines

La BCE contrainte de remplir le vide laissé par les chefs d'Etat et de gouvernement mais les préoccupations démocratiques persistent

Suite à l'annonce de la Banque Centrale Européenne (BCE) de son intention de renouer avec sa pratique consistant à acheter des titres de la dette souveraine des pays de la zone euro en sérieuses difficultés, Philippe LAMBERTS, porte-parole des Verts au Parlement européen pour les questions économiques et financières a déclaré :

"Les décisions prises aujourd'hui par la BCE constituent un progrès indéniable. Le conseil des gouverneurs s'engage en effet à acquérir des titres de dettes publiques à court terme (jusqu'à 3 ans) de manière illimitée a priori, en assouplissant les garanties exigées et en abandonnant son statut de créditeur préférentiel. Ces décisions ne fournissent cependant pas le pare-feu indispensable contre la spéculation, qu'offrirait par exemple l'octroi d'une licence bancaire aux fonds de secours européen (FESF et MES).

Comme on pouvait s'y attendre, il est déplorable que la BCE s'appuie sur les mêmes conditionnalités qui accompagnaient les programmes de sauvetage mis en place jusqu'à présent et qui ont montré leur injustice sociale et leur inefficacité économique. Bien que les déséquilibres des finances publiques doivent être corrigés, la nature procyclique de l'austérité budgétaire a amplifié la crise dans la zone euro. Il est grand temps que les décideurs reconnaissent cela et qu'ils conçoivent les conditionnalités de manière à ce qu'elles créent des perspectives de reprise, plutôt que de récession.

A l'heure où un certain nombre de pays font face à des taux d'intérêt astronomiques, une intervention de la BCE devenait incontournable. L'intérêt et les attentes qu'elle suscite ne peuvent que souligner en creux l'incapacité des chefs d'Etat et de gouvernement européens d'entreprendre le saut fédéral dont le bien-être des citoyen(ne)s européens dépend. La crise ne pourra être surmontée qu'à compter du moment où se mettront en place une union budgétaire et fiscale. Celle-ci doit comporter, à côté de règles de discipline budgétaire, une harmonisation poussée de la politique fiscale ainsi qu'une mutualisation des dettes souveraines.Cela doit s'accompagner d'une fédéralisation de la régulation du secteur financier tout entier (au delà donc de l'union bancaire actuellement envisagée), qui demeure trop souvent un parasite de l'économie réelle. Ce n'est qu'à ces conditions que sera possible une politique commune d'investissement, un véritable "Green New Deal" pour permettre à l'Europe de relever les défis sociaux et environnementaux du 21ème siècle.

Un tel saut fédéral ne peut cependant se faire au prix d'un affaiblissement de la démocratie en Europe. La transition vers une Europe plus fédérale, tout comme son fonctionnement futur, ne peuvent en aucun cas devenir les prérogatives d'une caste de décideurs opérant hors de tout contrôle démocratique. Si l'on entend plus fréquemment ces derniers temps ces mots dans la bouche de MM. Barroso, Van Rompuy et Draghi, force est de constater que leur pratique quotidienne, dans les pays actuellement sous programme d'ajustement et leur volonté d'exclure le Parlement européen de la mise en place de l'Union Bancaire, contredisent ce souci démocratique."

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Philippe Lamberts
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