Quotas CO2
Le Parlement européen ruine l'ambition climatique européenne
Aujourd'hui, le Parlement européen a refusé la proposition de la Commission européenne d'intervenir sur le marché européen des quotas de CO2 à travers le gel de 900 millions de quotas excédentaires (« backloading ») et a renvoyé le dossier en commission. Cette proposition, pour insuffisante qu'elle soit, aurait permis la survie du marché carbone européen, et l'ouverture d'une perspective de refonte en profondeur du système européen d'échange des quotas d'émissions.
Pour Yannick JADOT, membre de la commission Énergie et Industrie :
"Le rejet par le Parlement européen de la proposition de maintien sous assistance respiratoire du marché carbone menace dramatiquement la politique climatique de l'UE. Alors que ce marché s'est totalement effondré du fait de la crise et de la "générosité" des États dans l'allocation des quotas aux secteurs industriels, le vote du Parlement européen va ruiner tous les efforts engagés par de nombreuses entreprises pour réduire leurs émissions, investir dans l'innovation, et contribuer à l'économie décarbonée qu'il nous faut atteindre à l'horizon 2050 si nous voulons éviter la catastrophe climatique.
Le marché carbone européen et le système ETS sont loin d'avoir démontré une grande efficacité et ont été marqué ces dernières années par de lourds dysfonctionnements. Au minimum, il aurait fallu retirer définitivement du marché, au moins, 1,4 milliards de quotas et réduire le plafonnement des émissions de CO2. Tous ces dysfonctionnements ont été dénoncés dès le départ par les Verts. Mais tuer ce marché, aujourd'hui, c'est supprimer le seul instrument existant, c'est s'interdire de le réformer en profondeur. Ce n'est en rien ouvrir une perspective vers des outils plus efficaces. C'est pourquoi je regrette profondément que la majorité des députés de droite instrumentalisent la crise pour casser toutes les politiques environnementales. La définition d'objectifs climat-énergie à l'horizon 2030 va également s'en trouver négativement impactée.
Les enjeux climatiques sont majeurs pour le présent et l'avenir de nos sociétés comme de nos économies. Il est dramatique que les intérêts de certains groupes industriels trouvent un tel écho au parlement et nous empêchent d'orienter l'Union européenne vers l'économie innovante de la sobriété carbone de demain. Au moment où la Chine, l'Australie ou la Corée du Sud sont en train de finaliser leur propre marché carbone, le recul de l'Europe est le pire des signaux et des renoncements. La proposition est pour l'instant renvoyée en commission et devrait donc revenir en plénière d'ici quelques semaines. Nous espérons que les parlementaires européens seront cette fois-ci à la hauteur de l'enjeu."