Budget 2012 de l'UE
L’austérité ne peut constituer la seule réponse à la crise
Après de longues et difficiles négociations, l’UE s’est dotée hier soir d’un nouveau budget pour l’année 2012. L’augmentation du budget par rapport à 2011 a été limitée à 1,9 %, en net recul par rapport à la position initiale du Parlement européen.
Isabelle DURANT, membre de l’équipe de négociation et vice-présidente du Parlement européen, déclare à ce sujet:
« Même s’il faut se montrer compréhensif face à la situation budgétaire extrêmement délicate de nombreux Etats membres et des contraintes financières qui en résultent, miser exclusivement sur des mesures d’austérité ne peut toutefois constituer la seule réponse à la crise. Pire, elle l’aggrave. C’est pourtant l’attitude qui caractérisait hier la position du Conseil lors des négociations budgétaires. Je regrette ainsi qu’en dehors de la capitulation du Parlement européen devant l’intransigeance des Etats membres[1], le budget européen, en tant qu’un des rares instruments encore à notre disposition pour générer des investissements en Europe, créer des synergies, soutenir des projets de recherche ou d’action locale et d’accroître la compétitivité à travers toute l’Europe, soit devenu la nouvelle victime d’une politique d’austérité aveugle. Hier on a un peu plus procédé au démantèlement de l’Europe.
En ce qui concerne le contenu du budget, je dois malheureusement constater que le budget ne tient que rarement compte de la nécessité de développer une économie plus verte et ne mise que peu sur des politiques plus durables, p.ex. en matière d’agriculture ou de fonds structurels. Continuer à ignorer la nécessaire mise en œuvre de la Stratégie 2020 de l’UE, comme le fait le Conseil, mènera inévitablement à une perte de vitesse de l’Europe par rapport à des régions émergentes comme l’Inde ou la Chine.
Je suis aussi surprise et déçue par les positions contradictoires du Conseil qui d’un côté prône une politique de coupes budgétaires mais n’a en même temps aucun problème à soutenir encore davantage un projet de recherche totalement surdimensionné comme le réacteur de fusion ITER qui, dans le meilleur des cas, ne produira de résultats qu’en 2050 s’il en produit tout court. Pour arriver à financer ITER, des coupes seront très probablement effectuées au niveau du 7e programme cadre de recherche de l’Union beaucoup plus susceptible de produire des résultats tangibles.
Je déplore également que l’UE coupe au niveau de la solidarité internationale en réduisant ses dépenses en faveur de l’aide au développement. C’est la politique d’austérité au dos des plus pauvres de ce monde ! »
[1] Le Parlement avait initialement demandé une augmentation de 5,2 % du budget de l’Union par rapport à 2011.