Gouvernance économique européenne
La Commission ECON soutient un cadre économique défaillant et un retour en arrière
La commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen a voté aujourd'hui un rapport d'initiative sur la révision du cadre de la gouvernance économique de l'UE.
Pour le porte-parole des affaires économiques et monétaires Verts / ALE, Ernest URTASUN:
"La rapporteure S&D, Pervenche Berès, a capitulé devant l'offensive du PPE qui a utilisé ce rapport pour anéantir toutes les propositions progressistes qui avaient pourtant été adoptées par le Parlement dans ses rapports précédents.
Les socialistes européens assument la position de la droite en affirmant dans ce rapport que la politique actuelle d'austérité combinée aux réformes structurelles socialement nuisibles est le bonne politique à suivre.
Une position contrastant radicalement avec l'évaluation du groupe Verts-ALE qui juge cette politique pro-cyclique inefficace et contre-productive. La ligne défendue dans ce rapport est erronée. Elle attribue en effet l'échec des politiques actuellement menées à un défaut de mise en œuvre des règles de flexibilité prévues par la cadre de la gouvernance économique quand c'est en réalité ce cadre qui pose problème. Au lieu de se focaliser exclusivement sur la réduction des déficits, la Commission européenne doit impérativement élargir le champ de son évaluation au-delà du simple pacte de stabilité et de croissance. Baisser le niveau de l'endettement (à la fois privé et public) en coupant massivement dans les budgets destinés à la protection sociale de base n'a jamais été une solution. Non seulement parce que les conséquences sociales sont dramatiques mais également parce que ce type d'intervention entrave directement le redémarrage économique. Ces politiques sont d'autant plus inconséquents qu'elles aboutissent à une augmentation des niveaux d'endettement.
Au lieu de persévérer dans des politiques d'austérité aveugles et bornées, une gouvernance économique européenne digne de ce nom devrait veiller à réduire les déséquilibres excessifs entre pays excédentaires et pays déficitaires, à mettre en oeuvre une véritable politique fiscale européenne, à intégrer la dimension sociale de l'Union économique et monétaire (UEM) dans ses paramètres et, enfin, à développer une politique d'efficacité dans l'utilisation des ressources axée sur des investissements d'avenir respectueux de l'environnement.
Nous devons développer des politiques anticycliques au lieu de nous contenter de flexibilités discrétionnaires. Au lieu d'être des exceptions, celle-ci finissent par devenir la règle appliquée dans l'urgence une fois que la dégradation sociale et économique a atteint des degrés insoutenables.
Quant à l'avenir de l'UEM, ce rapport ne fait que reprendre timidement des positions déjà adoptées par le Parlement au cours de la législature précédente.
La combinaison de tous ces éléments a donc finalement conduit la commission ECON à adopter un rapport favorable à un cocktail explosif de politiques auto-destructrices, très loin d'opérer le saut qualitatif nécessaire à la viabilité à long terme de l'UEM."