Gouvernance économique
La grande coalition défend un cadre économique défaillant et des propositions rétrogrades sur l'avenir de l'UEM
Le Parlement européen réuni en plénière aujourd'hui a voté un rapport sur la révision du cadre de gouvernance économique de l'UE. Le président de la Commission Jean-Claude Juncker a pour sa part présenté le rapport des cinq présidents (Commission européenne, Parlement, Conseil, Banque centrale et Eurogroupe) sur le même sujet.
Pour Ernest URTASUN, Shadow rapporteur Verts-ALE :
" Dès le début, l'intention de la droite était d'instrumentaliser le rapport de la socialiste française P. Berès pour renverser les positions adoptées précédemment par la Parlement. Mission accomplie puisque la rapporteure socialiste a cédé sur la plupart de leurs demandes avec pour résultat un texte qui valide ouvertement la politique actuelle d'austérité combinée aux réformes structurelles socialement nuisibles. Une position que le groupe des Verts-ALE a refusé de cautionner dans la mesure où celui-ci estime que cette politique pro-cyclique est non seulement inefficace mais également contre-productive et injuste.
C'est ce que démontrent clairement les niveaux de l'endettement (à la fois privé et public) de la Grèce qui n'a pas du tout été assaini - que du contraire- et ce, malgré les mesures d'austérité budgétaire. En réalité, les coupes budgétaires massives dans les systèmes de protection sociale à travers l'UE n'ont fait que renforcer la détresse sociale et ont directement entravé la récupération économique européenne.
Au lieu d'une révision conséquente du cadre dysfonctionnel de la gouvernance économique, le rapport adopté lui préfère l'application discrétionnaire des flexibilités prévues dans le cadre légal quand la dégradation sociale et économique a déjà fait des sérieux dégâts.
Pour les Verts-ALE, la solution passe nécessairement par la réduction des déséquilibres excessifs entre pays excédentaires et pays déficitaires, une authentique politique fiscale européenne, la valorisation de la dimension sociale de l'Union économique et monétaire (UEM) et, enfin, le développement de politiques orientées sur l'efficacité dans l'utilisation des ressources et sur les investissements d'avenir respectueux de l'environnement.
Quant à l'avenir de l'UEM, ce rapport ne fait que reprendre timidement certaines des positions déjà adoptées par le Parlement au cours de la législature précédente. Le texte du Parlement est de surcroît encore plus faible que le rapport des 5 Présidents qui n'est pas à la hauteur quand il s'agit de proposer des mesures permettant de rendre l'UEM fonctionnelle.
L'UE a pourtant besoin de toute urgence d'une réelle intégration en matière de politique économique et monétaire, de propositions telles qu'une Union fiscale et sociale, d'une mutualisation des dettes et d'une Union bancaire digne de ce nom.
Une avancée de ce type nécessite du courage politique pour lancer une Convention destinée à réviser les Traités actuels afin de les y inscrire. Cette Convention aurait pour autre avantage de combler les défaillances démocratiques propres à l'UEM.
Autant dire que ce n'est pas du tout l'option retenue aujourd'hui par la parlement qui a privilégié un cocktail explosif de politiques destructrices ne permettant pas d'opérer le saut qualitatif nécessaire à la viabilité à long terme de l'UEM."