La proposition de la Commission est un pas timide dans la bonne direction
Face au far-west des GAFAM
La Commission Européenne a présenté aujourd'hui une nouvelle législation pour les services numériques, qui établira des règles supplémentaires pour les entreprises qui dominent le marché, comme Facebook et Google. Cette législation attendue de longue date cherche à uniformiser les règles du marché unique numérique et à contrôler les plateformes numériques pour garantir une compétition juste. Mais cette proposition n’est pas à la hauteur des attentes. Le 21 Octobre, des membres du Parlement Européen ont demandé à la Commission d'établir un cadre juridique clair pour les plateformes numériques, de formuler des lignes directrices sur la manière de traiter tout contenu illégal et d’enrayer les blocages et suppressions arbitraires de contenus par ces plateformes. La législation sur les services numériques proposée par la Commission sera négociée entre le Parlement et le Conseil.
David Cormand, eurodéputé Verts/ALE membre de la commission IMCO, commente :
"Cette législation est un pas dans la bonne direction avec de bonnes propositions. Toutefois, l'ambition de reprendre le pouvoir sur nos services numériques n'est pas au rendez-vous. Si le projet de régulation reconnait que certaines très grandes plateformes en ligne ont un effet sur nos libertés fondamentales, elle se contente de demander des audits et des analyses d'impacts, et limite très largement les sanctions disponibles, notamment financières. Ce n’est pas sérieux.
Le modèle économique des grandes plateformes en ligne repose sur l'extraction massive et non-régulée de données des utilisateurs, leur profilage à des fins publicitaires et de développement d'outils de prédiction, ainsi que sur la manipulation d'opinion par la diffusion de contenus choquants et de fake news. Ne pas interdire clairement ces pratiques commerciales déloyales entérine un capitalisme de surveillance, déjà à l'origine de dérives inacceptables comme Cambridge Analytica. Permettre cette collection massive de données contextuelles et personnelles à des géants du numérique privé, c'est leur conférer le pouvoir de façonner notre vision du monde et donc notre réalité. Nos futurs numériques et démocratiques sont liés, nous devons être à la hauteur des enjeux pour nos libertés fondamentales."