UE-Climat
Feuille de route européenne sur le climat à l’horizon 2050 : la Commission en mal d’inspiration
Alors que la Commissaire Connie Hedegaard vient de rendre publique la « feuille de route » climat pour 2050 de la Commission, le groupe des Verts/ALE regrette l’absence de conclusion claire et forte sur le passage à un objectif de 30% de réduction des émissions de gaz à effet de serre dès 2020 et les ambiguïtés sur la transition énergétique indispensable. C’est un mauvais signal quelques mois après la relance de la négociation climatique à Cancun et alors que 2010, année la plus chaude jamais enregistrée par l’humanité, confirme l’urgence de l’action.
Pour Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie du Groupe des Verts/ALE:
"Avec cette feuille de route, la Commissaire démontre que maintenir l’objectif actuel de réduction de 20% en 2020 ferait prendre des risques très sérieux à l’économie européenne et qu’il est d’urgent d’engager les négociations pour un objectif plus ambitieux. Si nous continuons à investir aujourd’hui dans des centrales au charbon dont la durée de vie excède 40 ans, alors nous devrons dépenser beaucoup d’argent demain pour atteindre notre objectif d’une Europe quasiment zéro carbone en 2050.
Toutefois, en recommandant une réduction domestique des émissions de gaz à effet de serre de seulement 25% en 2020 – soit 30% si on inclut des crédits carbone – et de 80% en 2050, la Commission ne fait que la moitié du chemin recommandé par la science. C’est l’objectif de 30% qui doit être domestique dès 2020.
En outre, la trajectoire proposée par la Commission est dangereuse du point de vue climatique, en repoussant aux décennies 2030 et 2040 la majeure partie des efforts à réaliser et débouchant sur un affligeant -40% en 2030 !
Enfin, sous la pression du commissaire Oettinger et le lobby constant de pays comme la France, la transition énergétique proposée est très ambiguë, reposant, pour les économies d’énergie, sur un Plan Efficacité Energétique vidé de mesures fortes et, pour la production d’électricité, sur un mix où pourraient ré-émerger le nucléaire et le charbon propre à la place d’un objectif ambitieux d’énergies renouvelables.
L’ambition de la Commission européenne exprimée dans cette feuille de route est sur la voie du renoncement. C’est très inquiétant après la relance des négociations climatiques à Cancun. C’est tout aussi inquiétant de constater que l’Europe est en train de passer à côté d'une révolution industrielle et énergétique dans laquelle s’engagent la Chine, la Corée du Sud et de plus en plus de ses partenaires économiques; et de tirer un trait sur tous les bénéfices afférents : millions d’emplois, sécurité énergétique, compétitivité renouvelée."