Climat
Climat : une avalanche de chiffres de la part de la Commission européenne pour masquer la fin du leadership européen
Alors que la Commission vient de rendre publique sa position de négociation sur le soutien financier que l'Europe pourrait apporter aux pays en développement dans le cadre des négociations climatiques, les députés européens du Groupe Verts dénoncent le flou et l'insuffisance de la proposition européenne. Les pays en développement sont les moins responsables mais les premières victimes du changement climatique. La catastrophe humanitaire et écologique qu'entraînerait un emballement climatique ne peut servir de variable d'ajustement de la négociation. Les chiffres annoncés comme la stratégie de négociation de la Commission confirment malheureusement la fin du leadership européen sur le climat.
Cela fait bientôt un an que la Commission européenne promet de répondre à la question clef des négociations internationales sur le climat dont l'objectif est de trouver un successeur au Protocole de Kyoto : Quel montant de soutien financier l'Europe est-elle prête à apporter aux pays en développement pour qu'ils puissent faire face aux bouleversements climatiques ? La qualité de cette réponse déterminera très largement la réussite ou l'échec du Sommet de Copenhague de décembre.
Malgré l'opposition forte de la France qui souhaitait repousser encore le moment de mettre un chiffre sur la table, la Commission a donné aujourd'hui plusieurs éléments de réponse dans sa communication " Stepping up international climate finance: A European blueprint for the Copenhagen deal ". Plus qu'un chiffre, elle nous abreuve de chiffres. L'Union européenne pourrait contribuer à hauteur de 10 à 30% d'une somme qui représente, selon elle, les besoins des pays en développement. Besoins auxquels elle retranche d'ailleurs les transferts financiers hypothétiques du marché carbone ou les cadeaux, il n'y a pas d'autre mot, qu'elle attend du secteur privé!
"En nous abreuvant de chiffres, la Commission semble vouloir nous perdre pour masquer la réalité : l'Europe est prête à consacrer au défi climatique des pays en développement entre 2 et 15 milliards d'euros par an, quand les experts de la société civile et le Parlement européen en demandent au moins 30 ! Ce n'est pas en répétant continuellement que l'Europe est le moteur de la lutte contre le changement climatique que José Manuel Barroso et les chefs d'Etat européens arriveront à convaincre le reste du monde, c'est en posant des actes à la hauteur des défis. On est aujourd'hui loin du compte!" déclare Claude Turmes, eurodéputé Vert luxembourgeois, Vice-président du Groupe.
La reconnaissance d'un besoin de soutien financier urgent, avant l'expiration officielle du Protocole de Kyoto, ne comble pas l'écart croissant entre l'objectif affiché de l'Union européenne d'éviter un réchauffement climatique de plus de 2°C et le niveau de ses engagements actuels. Elle doit impérativement s'engager à réduire ses propres émissions de 40% d'ici à 2020 et à apporter un soutien financier de plus de 35 milliards.
"Avec un niveau aussi bas d'ambition et de responsabilité, l'Europe ne peut plus prétendre au leadership dans la négociation climatique, notamment après les annonces de l'Australie ou du Japon sur des efforts de réduction de leurs émissions bien supérieurs à celui de l'Europe. En jouant avec les moyens dont bénéficieront les populations du Sud pour faire face au défi climatique, elle perd aussi toute autorité morale. Alors que l'Europe a engagé plus de 3000 milliards d'euros pour sauver le système financier, les propositions en vue de Copenhague sont tout simplement indécente " ajoute Yannick Jadot, eurodéputé Vert français.