La politique financière et bancaire sous l'équipe Juncker
La députée verte britannique Molly Scott Cato livre ses impressions sur Jonathan Hill
Dans l'ensemble, êtes-vous satisfaite de la proposition de Jean-Claude Juncker ?
Je suis assez choquée par la proposition de M. Juncker. Il est venu à notre réunion et nous l'avons interrogé en toute bonne foi. Il n'était clairement pas au fait de nos sujets de préoccupations tels que la pêche qu'il a traitée comme un sujet sans gravité, mais notre groupe était prêt à garder l'esprit ouvert. Cependant, sa mise à l'écart des questions environnementales et de développement durable et, en particulier, son choix tout à fait inadapté de Miguel Arias Cañete pour le poste de commissaire à l'énergie et au climat est une véritable gifle.
Quelle a été votre première réaction à la proposition de Jonathan Hill en tant que commissaire aux services financiers et aux marchés de capitaux ?
Je pense que nous avons tous eu du mal à trouver les mots justes pour exprimer notre indignation : l’expression en anglais « braconnier devenu garde-chasse » semble être la plus populaire. Hill est un eurosceptique qui n'a pas été élu et a toujours travaillé à la demande privée de David Cameron. Il a dirigé une société de relations publiques dont les clients sont les institutions financières qu’il serait maintenant en charge de réguler. À mon avis, il n'est pas un candidat valable, car il ne peut garantir l'impartialité. Il n'est pas du tout un partisan du projet européen, ce qui est une condition pour les commissaires selon le traité de l'UE. Comment pouvons-nous compter sur une telle personne pour assurer la stabilité financière de la zone euro ?
Qu'en est-il de la structure du portefeuille qu'il aura ?
Si je comprends bien, il sera responsable de « l'union des marchés de capitaux ». Pourtant, il est clair que le premier ministre britannique Cameron s'efforce de garder la ville londonienne en dehors de l'Union bancaire et de la réglementation bancaire de l'UE. Le gouvernement britannique a également contesté juridiquement de nouvelles règles financières cruciales pour l'UE, notamment le plafonnement des bonus des banquiers et la taxe sur les transactions financières. Au mieux, cela conduira à des conflits d'intérêts et au pire, il compromettra les efforts de l'UE pour assurer la stabilité financière et préserver l'avenir du système bancaire européen.
Si vous pouviez poser une question à Lord Hill, quelle serait-elle ?
Où, comment et quand David Cameron vous a-t-il demandé d'être son commissaire? Comment la conversation s'est-elle déroulée et saviez-vous alors que ce portefeuille vous serait proposé ?
À quelles autres questions pensez-vous qu'il devra répondre lors de son audition ?
Il devra prouver sa capacité à être indépendant (à la fois de l'influence du secteur financier et du gouvernement britannique), ainsi que démontrer son engagement envers l'Union européenne, tel qu'exigé par le traité de l'UE.