Le climat et la politique énergétique au sein de l'équipe Juncker
Le député vert luxembourgeois Claude Turmes livre une première évaluation plutôt sombre
Dans l'ensemble, êtes-vous satisfait de la proposition de Jean-Claude Juncker ?
Je ne suis pas particulièrement heureux de la proposition de Jean-Claude Juncker. La structure qu'il a proposée pour la nouvelle Commission semble être fondée sur la promotion d'une approche dépassée par la croissance économique au détriment de l'environnement. Le fait qu'aucun vice-président n'a explicitement de responsabilités en termes de durabilité indique que l'environnement et la politique climatique sont clairement mis de côté.
Quelle a été votre première réaction face aux candidats proposés en charge de l'énergie et de la politique climatique ?
Le commissaire désigné à l'énergie et l'action climatique, Miguel Aries Cañete, a été largement critiqué dans les médias pour ses remarques sexistes pendant les campagnes électorales et ses liens avec l'industrie pétrolière. M. Cañete devra clarifier cela au cours des auditions et convaincre les députés qu'il prend le changement climatique au sérieux, contrairement à l'action de son gouvernement en Espagne. Le gouvernement dans lequel il a exercé, est connu pour être pro-charbon, pro-énergie nucléaire, pro-gaz de schiste et s'opposait à l'énergie renouvelable. Ceci est contraire aux objectifs décrits par le Président élu Juncker avant le vote en juillet au Parlement européen.
Quant à la vice-présidente désignée chargée de l'Union de l'énergie, Alenka Bratušek, je reste méfiant. Le processus de sa nomination est très discutable et doit être abordé dans les différentes auditions au Parlement européen. En outre, Madame Bratušek n'a pas travaillé sur les questions énergétiques, auparavant. Ses compétences linguistiques limitées soulèvent également des doutes quant à sa capacité à communiquer et à coordonner le travail avec les autres commissaires. Madame Bratušek devra réussir les tests du Parlement européen au cours des auditions et démontrer qu'elle est la bonne personne pour cette tâche importante.
Qu'en est-il de la structure des portefeuilles de l'énergie et du climat ?
Notre groupe a déjà exprimé ses préoccupations au sujet de la proposition de fusionner les portefeuilles de l'énergie et du changement climatique. Nous craignons une dégradation supplémentaire de l'engagement de l'UE à l'action climatique dans un moment aussi crucial. Il est clair que la politique énergétique de l'UE doit être conçue de manière à ce que l'UE puisse atteindre ses objectifs en matière de changement climatique. Cependant, la politique climatique va bien au-delà de la politique énergétique. Nous sommes également inquiets par la proposition de fusionner les portefeuilles en matière de pêche et d'environnement : cela ne peut pas conduire à une dilution de l'engagement de l'UE dans l'un ou l’autre de ces domaines clés.
Si vous pouviez poser une question aux candidats, quelle serait-elle ?
Je voudrais m'adresser à la vice-présidente désignée Alenka Bratušek et lui demander comment a-t-elle l'intention de s'assurer que les questions environnementales ne seront pas ignorées et la façon dont elle prévoit d'intégrer les trois commissaires responsables dans le processus de prise de décision. Puisque sa recommandation explicite est nécessaire pour les sujets mis à l'ordre du jour du collège des commissaires, comment peut-elle assurer au Parlement européen que les questions environnementales seront prioritaires ?
À quelles autres questions pensez-vous que les candidats devront répondre à leur audience ?
Je pense que chaque commissaire désigné a un passé et une expérience différente. Cela devra être examiné. Le Parlement européen ne donnera son consentement que si chaque commissaire désigné réussit tous les tests des différentes commissions parlementaires. Chaque commissaire désigné devra prouver qu'il est à la hauteur des tâches et démontrer qu'il possède les connaissances et la volonté de poursuivre l'objectif d'une Union européenne durable.