Situation au Nigeria
Proposition de résolution des Verts/ALE
Le Parlement européen,
– vu ses résolutions précédentes sur les violations des droits de l'homme au Nigeria,
– vu le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, ratifié par le Nigeria le 29 octobre 1993,
– vu la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981, ratifiée par le Nigeria le 22 juin 1983,
– vu l'article 110, paragraphe 2, de son règlement,
A. préoccupé par les actes de violence amorcés récemment par le groupe Boko Haram, groupe islamiste radical, qui ont entraîné la mort de plusieurs centaines d'innocents;
B. considérant que les organisations de défense des droits de l'homme ont fourni des preuves de l'implication du groupe islamiste Boko Haram dans des attaques de commissariats, d'installations militaires, d'églises et de banques ainsi que dans un attentat suicide contre le quartier général des Nations unies, qui a causé la mort de 24 personnes et en a blessé plus de 100 autres;
C. considérant que, en réponse aux violences perpétrées par le groupe Bako Haram, la police et les forces armées nigérianes ont procédé à l'exécution extrajudiciaire de bon nombre de personnes suspectées d'appartenir à ce groupe;
D. considérant que, selon certaines informations, 10 000 personnes environ ont fui le nord du Nigeria vers le Tchad et le Niger au cours des dernières semaines pour échapper à la violence de la répression et aux violences perpétrées par le groupe Boko Haram; considérant que les résidents des villages voisins de l'est du Nigeria de Dougouri, Folkine, Koyorom et Malfahtri ont également fui;
E. considérant que des milliers de personnes sont mortes à la suite des violences religieuses et ethniques qui sont se produites au Nigeria au cours des dix dernières années, dans un pays régulièrement secoué par une recrudescence des tensions religieuses et ethniques;
F. considérant que les violences interreligieuses ou interethniques entraînent en général une exacerbation passionnelle des conflits et la perte de vies humaines innocentes, sans s'attaquer à la cause profonde du conflit;
G. considérant que les problèmes, dans le nord du pays, sont dus à une économie insuffisamment développée et que les tensions trouvent leur origine dans des décennies de ressentiment entre groupes indigènes, principalement chrétiens ou animistes, qui disputent le contrôle des terres agricoles fertiles aux immigrants et aux colons en provenance du nord du pays, musulman et de langue haoussa;
H. considérant que, dans un pays aussi riche en pétrole que le Nigeria, la résolution pacifique des conflits passe par le respect des droits de l'homme, l'accès à la justice et la fin de l'impunité ainsi que par un accès équitable aux ressources et la redistribution des recettes;
I. considérant que l'instabilité témoigne de la fragilité du pays le plus peuplé et le plus riche en ressources d'Afrique;
1. condamne fermement la violence dans laquelle a sombré le Nigeria et fait part de son inquiétude face à la poursuite des tensions dans lesquelles les communautés sont acteurs et victimes;
2. souligne que la commission créée par le président Goodluck Jonathan en vue de superviser la réorganisation de la police nigériane devrait avoir pour objectif de mettre fin aux violations des droits de l'homme dont se rendent coupables certains membres des forces de police et d'instaurer un climat de confiance entre la population et la police;
3. insiste sur l'importance que revêtent l'indépendance, l'impartialité et l'accessibilité du système judiciaire pour mettre fin à l'impunité et renforcer le respect de l'État de droit et des droits fondamentaux de la population;
4. appelle de ses vœux une enquête indépendante sur les violations des droits de l'homme et demande que les responsables soient traduits en justice conformément aux normes internationales relatives au droit à un procès équitable;
5. demande au gouvernement nigérian de protéger la population civile et d'éviter à tout prix d'autres attaques ou représailles;
6. invite l'Union européenne à apporter une aide humanitaire aux personnes qui, à la suite de la répression violente menée par la police et des actes de violence perpétrés par le groupe Boko Haram, ont fui le nord du Nigeria pour gagner les pays voisins;
7. prie instamment le gouvernement nigérian d'œuvrer à une solution pacifique, par l'éradication des causes profondes du conflit, ce qui implique de garantir un accès équitable aux ressources, le développement durable des régions concernées, la redistribution des richesses et le respect des droits humains fondamentaux;
8. appelle de ses vœux l'abolition de la législation actuelle qui pénalise l'homosexualité, la rendant dans certains cas punissable de lapidation; invite le Parlement nigérian à abandonner l'examen du projet de loi sur l'interdiction du mariage entre personnes du même sexe, qui, s'il devait être adopté, exposerait les personnes LGBT – ressortissants nigérians et étrangers – à de graves risques de violence et d'arrestation;
9. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil et à la Commission, ainsi qu'au gouvernement du Nigeria, à l'Union africaine, au Secrétaire général des Nations unies, aux coprésidents de l'assemblée parlementaire paritaire ACP-UE et au Parlement panafricain (PAP).