Dans l’Union européenne, les flottes de pêche sont gérées par la politique commune de la pêche (PCP) depuis près de 50 ans. Cependant, à partir du milieu des années 1990, les populations de poissons ont commencé à diminuer fortement et les chiffres en matière de surpêche sont devenus alarmants. Dans les années qui ont suivies, la PCP a commencé à intégrer progressivement des objectifs de durabilité et, en 2013, s’est engagée à maintenir les populations de poissons à des niveaux durables.
Malgré certains progrès au cours de la dernière décennie, la plupart des ressources halieutiques et des écosystèmes marins sont aujourd’hui en mauvais état. L’épuisement des stocks de poissons a non seulement un impact majeur sur la biodiversité marine, mais aussi sur l’avenir de la pêche et des pêcheur-se-s dont les revenus dépendent de ces ressources.
Il est urgent d’adopter des mesures plus ambitieuses qui profiteraient aux citoyens européens et à la nature.
2020 était censée être l’année de la biodiversité au niveau international. Elle devait également être l’année où l’UE devait atteindre le bon état écologique de ses mers et où tous les stocks de poissons devaient être exploités à des niveaux durables. Ces objectifs sont inscrits dans la loi européenne, mais l’action de l’UE a été ralentie par des intérêts court-termistes et par l’absence de progrès dans la mise en œuvre.
Au cours des dernières décennies, on a constaté certaines améliorations pour les populations de poissons dans l’océan Atlantique où la politique commune de la pêcje commence à porter ses fruits. Les scientifiques estiment qu’environ 38 % des stocks évalués sont surexploités.
Mais la situation est très préoccupante en mer Méditerranée, où plus de 80 % des stocks de poissons sont surexploités. Rappelons également que ces chiffres sont calculés espèce par espèce sans tenir compte des écosystèmes marins dans leur totalité, et uniquement lorsque les évaluations scientifiques sont disponibles.
La Cour des comptes de l’Union européenne a confirmé cette tendance : l’action de l’UE au cours de la dernière décennie a été insuffisante pour la reconstitution des écosystèmes et des habitats marins. D’une manière générale, les niveaux de pollution sont alarmants et le changement climatique a des répercussions croissantes sur nos océans.
La bonne nouvelle est que si nous agissons maintenant, il est encore temps d’influer sur l’avenir et d’avoir des océans en bonne santé, selon les scientifiques. L’UE doit mettre fin à la surpêche.
Cela commence par la mise en œuvre complète de la réforme de la politique commune de la pêche de 2013, en fixant des quotas de pêche conformes aux critères de durabilité pour tous les stocks, dans toutes les mers de l’UE. Nous devons renforcer les connaissances scientifiques sur les populations de poissons, en veillant à ce que des ressources suffisantes soient allouées pour les étudier toutes ainsi que les interactions entre les différentes espèces et les écosystèmes dans lesquels elles vivent. C’est la clé de la mise en œuvre d’une approche écosystémique de la politique de la pêche. Nous devons également limiter l’utilisation des techniques de pêche les plus destructrices, telles que les engins qui sont en contact avec le fond de la mer et les dispositifs de concentration des poissons, car il a été prouvé qu’ils ont des conséquences très négatives sur l’environnement marin.
Pour protéger réellement la biodiversité marine, l’UE devrait mettre en place un réseau efficace de zones marines protégées, couvrant 30 % des eaux de l’UE, avec de véritables plans de gestion. Pour au moins 10 % de ses eaux, l’UE doit garantir un niveau élevé de protection, c’est-à-dire créer des zones où toutes les captures et activités économiques sont interdites. Selon l’Agence européenne pour l’environnement , moins de 1 % des zones marines protégées européennes sont aujourd’hui totalement protégées et intègrent des interdictions de pêche dans leurs mesures de gestion. Il est temps pour l’UE de mettre un terme à ces “aires protégées de papier”. L’objectif de 30 % ne sera qu’une opération de greenwashing si aucune mesure n’est prise dans ces zones, comme par exemple y interdire les techniques de pêche et les activités économiques les plus destructrices.
Cette année, dans le cadre du “Green Deal”, la Commission européenne a adopté une stratégie européenne en faveur de la biodiversité pour 2030 : une feuille de route complète avec des objectifs ambitieux tels que la création de 10 % de zones hautement protégées. Les objectifs ambitieux qui y sont fixés doivent être inscrits dans la législation de l’UE et pleinement mis en œuvre. Mais les forces conservatrices tentent de faire marche arrière.
L’année 2021 sera décisive pour la biodiversité marine. Nous avons besoin de votre soutien pour faire entendre la voix des océans et des petits pêcheurs au Parlement européen ! Le rapport d’initiative “Plus de poissons dans les mers” de Caroline Roose, qui préconise des mesures ambitieuses, sera voté en session plénière du Parlement européen cette semaine
Envoie un tweet aux député-e-s européen-ne-s qui ne se sont pas encore engagés à soutenir des mesures ambitieuses pour atteindre plus de poissons dans les mers.